Les strophes:
La strophe est aussi appelée stance, c'est la division régulière d'un poème, comprenant un certain nombre de vers soumis à un rythme déterminé.
- Le distique:
C'est une strophe de deux vers à rime plate.
Des anges moissonnaient à l'heure où bout la ruche.
On voyait sous un arbre et dans l'herbe leur cruche.
On eût dit que le del aspirait de l'amour
Au-dessus des épis débordant le labour.
De temps en temps l'un de ces anges touchait terre
Et buvait à la cruche une gorgée d'eau claire.
Géorgiques chrétiennes de Francis Jammes
- Le tercet:
C'est une strophe de trois vers.
O fatigue de vivre ! Encore une journée
Qui recommence! Encore une étape à fournir!
Cette route ne sera jamais terminée!
Le passé me prédit quel sera l'avenir.
L'aube amenant midi, midi le crépuscule,
Dans l'aube blanche, on voit déjà le ciel jaunir.
Marcher, toujours marcher vers, un, but qui recule,
Le poursuivre, en sachant qu’on n y doit pas toucher.
Quel supplice, à la fois atroce et ridicule!
Dante
- Le quatrain:
C'est une strophe de quatre vers.
J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Charles Baudelaire
- Le quintil:
C'est une strophe de cinq vers :
Hélas ! Que j'en ai vu mourir de jeunes filles!
C'est le destin : il faut une proie au trépas,
Il faut que l'herbe tombe au tranchant des faucilles;
Il faut que dans le bal les folâtres quadrilles
Foulent des roses sous leurs pas.
Victor Hugo
- Le sixain:
C'est une strophe de six vers.
Lorsque du Créateur la parole féconde
Dans une heure fatale eut engendré le monde
Des germes du chaos,
De son œuvre imparfaite il détourna sa face
Et d'un pied dédaigneux la lançant dans l'espace,
Rentra dans son repos.
Lamartine
- Le septain:
C'est une strophe de sept vers.
Le crépuscule ami s'endort dans la vallée,
Sur l'herbe d'émeraude et sur l'or du gazon.
Sous les timides joncs de la source isolée
Et sous le bois rêveur qui tremble à l'horizon;
Se balance en fuyant dans les grappes sauvages,
Jette son manteau gris sur le bord des rivages,
Et des fleurs de la nuit entrouvre la prison.
Alfred de Vigny
- Le huitain:
C'est une strophe de huit vers.
Que j'aime à voir, dans les vesprées
Empourprées.
Jaillir en veines diaprées
Les rosaces d'or des couvents!
Oh ! Que j'aime aux voûtes gothiques
Des portiques
Les vieux Saints de pierre athlétiques
Priant tout bas pour les vivants!
Alfred de Musset
- Le neuvain:
C'est une strophe de neuf vers.
Et les champs, et les prés, le lac, la fleur, la plaine,
Les nuages pareils à des flocons de laine,
L'eau qui fait frissonner l'algue et les goémons,
Et l'énorme océan, hydre aux écailles vertes,
Les forêts de rumeurs couvertes,
Le phare sur les flots, l'étoile sur les monts,
Me reconnaîtront bien et diront à voix basse :
«C'est un esprit vengeur qui passe,
Chassant devant lui les démons! »
Victor Hugo
- Le dizain:
C'est une strophe de dix vers.
Apollon, à portes ouvertes,
Laisse indifféremment cueillir
Les belles feuilles toujours vertes
Qui gardent les noms de vieillir.
Mais l'art d'en faire des couronnes
N'est pas su de toutes personnes,
Et trois ou quatre seulement,
Au nombre desquels on me range,
Savent donner une louange
Qui demeure éternellement.
Malherbe
Comme le vers, la strophe a son unité rythmique accordée avec le sens.